ARIA - Le jeu musical

Le jeu musical dirigé par l'enfant

Lors de nos séances, le musicothérapeute s'engage musicalement avec votre enfant tandis que le co-thérapeute travaille plus directement avec lui. Cette approche est largement dérivée de la musicothérapie Nordoff-Robbins. Nous nous engageons également dans beaucoup de jeu musical libre, dans le style de ce qu'Amelia Oldfield appelle les « conversations musicales ».

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Parfois, les enfants ont besoin de temps pour explorer ce qui est possible dans l'espace de la musicothérapie. Dans un tel cas, le co-thérapeute joue avec l'enfant, en entrant dans le jeu imaginaire, la danse, ou le tri, par exemple, pendant que le musicothérapeute joue de la musique dont le style et le tempo sont déterminés par le rythme et le feeling du jeu de l'enfant.

Deux types d'attention et de concentration

Beaucoup de jeunes enfants que nous voyons et avec lesquels nous travaillons sont dans une situation difficile. D'une part, à la maison, à la garderie, à l'école, c'est une lutte constante pour qu'ils se concentrent sur ce qu'ils doivent faire. De nombreuses approches et services, comme le programme gouvernemental québécois ICI (intervention comportementale intensive, ou ABA), se concentrent sur la question de savoir comment aider les enfants à mieux s'intégrer aux exigences structurées du monde familial et social dont ils doivent faire partie. Et pourtant, paradoxalement, en même temps que nous pouvons décrire de nombreux enfants comme incapables de se concentrer sur ce qu'ils doivent faire pour évoluer dans le monde dans lequel nous vivons ensemble, il est également vrai que ces enfants semblent être trop concentrés sur des tâches que nous ne comprenons pas, et auxquelles nous n'avons pas accès. Souvent, les enjeux semblent plus importants que le simple fait de « jouer » : les enfants semblent prêts à tout risquer pour poursuivre un intérêt singulier et inaccessible. Cela peut être d'autant plus frustrant qu'il semble souvent difficile, voire impossible, de comprendre ce qui est en jeu pour l'enfant dans ce qu'il fait.

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Jacob Barnett se souvient que, lorsqu'il était petit, il passait des heures assis sur le sol de sa chambre à essayer de comprendre la relation entre la lumière du soleil, l'arbre de l'autre côté de la fenêtre et l'ombre projetée par l'arbre sur le sol de sa chambre. Pourtant, de l'extérieur, note-t-il, on aurait pu croire qu'il était assis là, à regarder dans le vide (Barnett raconte cette histoire dans une courte interview incluse dans la version audio de The Spark). Il y a souvent un conflit entre les intérêts particuliers d'un enfant - et la concentration laser avec laquelle il poursuit ses intérêts - et l'attention que la vie et les relations exigent. Ce conflit conduit à une situation potentiellement tragique, puisque le seul moyen pour un enfant d'aller plus loin dans ses intérêts est de les poursuivre avec d'autres, alors que c'est précisément à cause de ces intérêts qu'il n'est pas en mesure de les poursuivre avec d'autres.

Cactus à copier à côté du clavier du piano

Diagramme indiquant qu'il existe une relation entre des intérêts spécifiques et des domaines d'études

Tiré de A Field Guide to Earthlings par Ian Ford

Notre objectif

Notre objectif, en nous engageant dans le jeu menée par l'enfant, est de défaire l'idée qu'il existe une opposition insoluble entre ces deux modes d'attention, entre ces deux modes de concentration.

Souvent, nous nous focalisons sur un type d'attention - le type d'attention qui fait défaut - au détriment de cet autre type d'attention. Par exemple, on dit que les professeurs ont la tête dans les nuages, parce qu'ils pensent à autre chose. L'attention singulière sur quelque chose d'inaccessible de l'extérieur apparaît comme un obstacle au mode d'attention, celui qui permet aux personnes d'être attentives à leur environnement et au monde social et familial dans lequel elles vivent.

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En nous engageant dans le jeu musical, dirigé par l'enfant, nous cherchons à mettre en place les conditions nécessaires pour qu'un enfant puisse faire l'expérience qu'il est possible d'aller plus loin dans ses propres intérêts avec d'autres, qu'il n'est possible pour lui d'aller seul.

Dans de nombreux contextes, l'accent est mis sur la nécessité d'aider l'enfant à développer la concentration et l'attention nécessaires pour vivre avec les autres dans des situations sociales complexes. La musicothérapie guidée par l'enfant peut être considérée comme un complément à cette approche. Par la musique, le jeu imaginatif ou le tri partagé, nous accompagnons l'enfant pour qu'il puisse aller plus loin dans ses intérêts. Il y a des choses que les enfants ne peuvent pas faire seuls, tout comme il y a des choses que nous ne pouvons pas faire seuls. Un enfant qui s'intéresse à la manière dont les objets tournent aura besoin de l'aide et du soutien des autres pour explorer toute la complexité de cet intérêt, pour passer des toupies et des yoyos aux modèles de systèmes solaires et de galaxies, jusqu'aux mathématiques des forces centripètes et centrifuges.

Plutôt que de considérer les intérêts singuliers et inaccessibles d'un enfant comme un obstacle au type d'attention et de concentration requis pour vivre avec les autres, notre pari est que les relations avec les autres peuvent être, pour l'enfant, un moyen d'aller plus loin dans ses intérêts singuliers, et que ces intérêts singuliers peuvent ouvrir une voie pour s'engager dans des relations sociales complexes avec les autres.

Dans cette perspective, l'enfant a besoin d'aide pour apprendre à s'adapter aux règles et aux modèles nécessaires pour vivre avec les autres, mais aussi pour découvrir, en jouant avec les autres, qu'il est possible d'explorer ses intérêts, de cultiver et d'aller plus loin dans son mode spécifique d'attention et de concentration, avec les autres.

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